Juvenoia. Incompréhension intergénérationnelle. Vous êtes-vous jamais plains des jeunes d’aujourd’hui ? Si c’est le cas vous n’êtes pas le premier !
Rappelez-vous de Socrate : « Les enfants sont des tyrans ». Lisez d’Hésiode qui bien avant Socrate aurait certifié que : « Les jeunes sont simplement terribles ». Et n’oublions pas, la plus récente « Chienlit » du général de Gaulle qualifiant une population d’étudiants qui ont aujourd’hui dépassés les 70 ans…
Et il n’y a pas que des personnalités décédées depuis longtemps pour « souffrir » de ce biais cognitif au vu des réponses que je reçois à la question que je pose en début de mes conférences : « Les jeunes d’aujourd’hui, qu’en pensez-vous ? » : insolents, zappers, infidèles ou communautaires pour les plus négatifs. Créatifs, connectés et curieux pour les avis les plus positifs. Les stéréotypes ont la vie dure, surtout quand les personnes concernées s’y conforment…
C’est Georges Orwell qui a été le premier a prendre du recul sur le sujet pour résumer en une seule phrase cette incompréhension générationnelle : « Chaque nouvelle génération s’imagine être plus intelligente que la précédente et plus sage que la suivante. » Pour une fois, c’est plus long en anglais.
Cette citation est la parfaite illustration de ce que le sociologue David Finkelhor appelle la Juvenoia qui illustre la croyance que les jeunes sont plus problématiques que nous à leur âge et que les plus anciens sont des ringards. Cette Juvenoia se manifeste par l’incompréhension des plus anciens de la « culture jeune », du rock au rap, de Georges Brassens à Jul, de Candy à Bob l’éponge.
En parlant de victime de Juvenoia, je me demand si Ségolène Royal en était atteinte lorsqu’elle a fait interdire la violence à la télévision après la publication de son livre « Ras-le-bol des bébés zappeurs » qui ciblait directement les émissions de Dorothée pourvoyeuse de mangas.
Elle écrivit ainsi page 37 : « […] Il y avait dans la télévision d’ « avant » des règles simples. Il y avait les gentils et les méchants. Et, en général, le gentil, le héros, tuait moins que les autres. Il gagnait aussi parce qu’il était le plus malin. Et puis il s’occupait de la veuve et de l’orphelin, ou de l’animal blessé. Dans les dessins animés et les séries japonaises (du moins ceux que l’on voit sur les chaînes commerciales françaises), ou dans certaines séries américaines, tout le monde se tape dessus. Les bons, les méchants et même ceux qui ne sont rien, les figurants de la mort. Le raffinement et la diversité dans les façons de tuer (explosions, lasers, commande à distance, électrocutions, animaux télécommandés, gadgets divers…) se sont accompagnés d’un appauvrissement des caractères, d’une uniformisation des héros, dont la seule personnalité se réduit à la quantité de cadavres alignés, ou à la couleur de la panoplie du parfait petit combattant de l’espace. ». Pour l’anecdote, ce passage lui a été rappelé lors d’un voyage au japon. Bref, Junevoia.
Alors peut-être que la peur des mangas a été remplacée par le rap, par des cures de Ritaline ou par Marvel que certains réalisateurs mythiques détestent, mais il faut bien reconnaître (en essayant de ne pas devenir juvenoiaque à mon tour) que les adultes sont rapides à faire porter la responsabilité de problèmes sociaux réels ou imaginaires à ces mouvements musicaux ou vestimentaires qu’ils ne comprennent pas ou n’aiment pas. En oubliant au passage que leur propre jeunesse a été une source d’incompréhension de la part de leurs parents. « Baisse le son de ton Walkman tu vas être sourd ! Petite pensée aux types du lycée qui s’habillaient en noir-cheveux-gras comme Robert Smith.
Cette juvenoia est la première chose à traiter si vous souhaitez parler de management intergénérationnel car nous revenons encore et toujours sur la culture du management intergénérationnel !
Chaque génération pense que la génération précédente est trop rigide et conservative alors que la génération suivante est hors de contrôle. Résultat, chaque génération pense avoir la culture la plus riche et équilibrée.