Le sujet de la Génération Y fait encore couler beaucoup d’encre. Il faut reconnaître que ça fait un moment que le sujet tourne en rond à coup de copier-coller ! La plupart des articles évoquent encore et toujours le constat « Les Y sont … » et ne proposent pas beaucoup d’actions de mise à jour des organisations et des modes de management (…aux jeunes ? Non, pas tout à fait).
Heureusement qu’il y a de temps en temps des articles de consultants et de chercheurs qui nous expliquent que la Génération Y n’existe pas et que ce n’est qu’un mythe. Même si leurs motivations sont ambigües, car ils gagnent leur vie avec cette génération dont ils nient l’existence, ils ont le méritent de nous aider à prendre du recul sur ce sujet. Maintenant, il faut reconnaître que tout le monde à un avis sur la génération Y. Il y a d’ailleurs autant de définitions pour la présenter qu’il n’y en a pour les concepts de compétence, de talent, d’autorité ou de reconnaissance. Pour ne citer que ceux-là.
Et si finalement il n’y avait pas de définitions précise ? Et si plutôt il y avait des niveaux de compréhension différents et des angles d’approche distincts ? Et si c’était d’abord une prise de conscience qui dépendrait de notre relation avec ce sujet (je les encadre, je les élèves, je leur vend des trucs, etc.) et de notre niveau de compréhension de ce thème ?
Niveau 1 : C’est un âge
Je ne vais pas m’étendre sur les dates délimitant ce groupe sociologique et vous invite à lire l’article « La génération Y n’existe pas… MDR« .
C’est juste une question de bon sens apprise lorsqu’en 2005 un client m’a demandé de l’aider à manager « une certaine catégorie de personnel » dont il ne comprenait pas les comportements et attitudes. Après avoir sondé ses 70 collaborateurs, résultats qui seront ensuite confirmés par d’autres enquêtes dans d’autres pays, le résultat était clair : l’âge n’est pas important quand on parle de situation de management, de motivation ou d’exigence de collaborateur. Un père ou une mère de 25 ans ou de quarante ans ne va pas avoir un comportement de supposé Y ou X…mais de parent ! Ce qui compte plus que l’âge : la situation de vie, l’ancienneté dans l’entreprise, le fait d’être parent, etc.
A ce sujet, nous allons publier dans quelques semaines l’interview d’un « Y qui fait le monde de demain » âgés de 60 ans.
Conseil : Cette approche par l’âge est la base de l’approche du management intergénérationnel. Méfiez-vous des formations commençant par une présentation des générations en fonction de dates étrangement précises. Surtout s’il y a 78 et 94 parmi elles.
Niveau 2 : C’est le symptôme des mutations de notre société.
Déjà mieux que de se limiter à un âge précis. Cependant, attention à ne pas tomber dans le piège de la généralisation qui tourne au stéréotype. Il est très facile d’ériger en règle générale ce qui, somme toute, ne dépend que de quelques énergumènes isolés.
Alors oui, il est sans doute vrai que les symptômes des évolutions de notre société sont plus faciles à déceler chez ceux qui arrivent de frais dans l’entreprise et n’en ont pas encore décodés et adoptés les rites. Il est aussi vrai que ces symptômes, appelés « tendances » ont un impact sur les comportements. Pourtant gardez-vous de transformer en règle absolue les histoires que vous avez entendu sur les « Y » :
- « Je ne vous ai pas appelé pour vous dire que je ne venais pas hier, je n’ai plus de forfait »
- « Je ne viendrai pas demain car je suis choqué par la mort de Michael Jackson »
- « Je suis oblige de répondre » (en entretien de recrutement)
- « Chef, vous pouvez me faire une lettre de référence ? J’ai eu un entretien de recrutement hier et ça s’est bien passé »
- « Mon fils ne viendra pas aujourd’hui, il a fait la fête hier »
- « Demain je viens pas, tu préfère que les prenne en congé payés ou en arrêt maladie ? »
- « Ma fille ne viendra pas travailler demain c’est son anniversaire »
- « Je suis en retard chef, mais c’est normal…je suis un Y ! »
- « Sympa votre bureau en mobilier des années 70. On dirait chez ma grand-mère »
En propageant ces histoires, vraies et toujours étonnantes, on utilise des cas particuliers que l’on rapporte à une généralités : « les Y ».
Ceux qui ont assistés à nos interventions savent d’ailleurs que c’est à ce niveau que nous commençons notre action en faisant la part des choses entre cliché et réalité. Pour cela nous utilisons ce que nous appelons les 4 i (individualisme, interconnexion, impatience, initiative). Définition.
Ces 4 mots, faciles à retenir, ne proviennent pas du marketing mais de nos entretiens avec des DRH, managers, comités de direction, professeurs, etc. auxquels nous demandons au préalable de nous décrire les évolutions qu’ils perçoivent chez leurs collaborateurs, élèves… en quelques mots. Ceci permet d’évacuer plus facilement les clichés et de mettre en évidence que l’on peut avoir dans une équipe des comportements opposés. Pour info, ce sont souvent les salariés les plus jeunes qui ont les clichés les plus forts sur la Génération Y. Dernièrement un étudiant m’a même dit « Nous sommes nés avec une souris dans la main ». Une pensée pour la maman…
Conseil : Ne perdez pas de temps avec les études menées à gauche et à droite décrivant les Y ! Vos salariés sont…vos salariés et ne reflètent certainement pas les échantillons interrogés pour ces enquêtes. Menez votre propre enquête en interne sans vous soucier de l’âge.
Niveau 3 : C’est une culture.
A ce niveau on sort enfin du constat. L’approche culturelle a le mérite de ne plus parler d’âge mais de rapport à la hiérarchie, au risque, à l’émotion, au travail et tutti quanti. Concernant ce dernier point (le travail) je vous invite à vous reporter sur le premier article publié en France sur le sujet qui en dénonçait déjà l’effet de mode et les dangers »La Génération Y encore d’actualité »
Je ne souhaite pas trop détailler cette approche qui reste encore notre différence concurrentielle. Si vous souhaitez plus d’infos vous pouvez toujours vous reporter aux pages dédiées à nos formation sur la génération Y et le management intergénérationnel et quand vous aurez vu que vous n’avez rien appris de plus… nous contacter.
Conseil : Identifiez dans vos équipes les attentes en termes d’encadrement et de reconnaissance lors de l’intégration puis tous les trimestres avec des rencontres informelles sur l’un de ces thèmes.
Niveau 4 : C’est un système de valeurs
Il y a 20 ans, fumer était un symbole d’affirmation de soi, de force et pour certains de virilité. Ce n’est plus cas aujourd’hui, la cigarette tue directement ou indirectement, elle sent mauvais. En 2011, fumer est devenu un acte irresponsable et dangereux. Si l’objet n’a pas changé (la cigarette), la représentation de l’objet a considérablement évolué. Définition.
Dans nos séminaires, nous demandons aux participants de se positionner sur 4 questions : Qui dans la salle aimerait travailler dans une entreprise :
- qui permet de concilier sa vie privée et sa vie professionnelle ?
- où règne une bonne ambiance, un esprit de solidarité et un rapport de confiance entre tous les salariés?
- qui porte des projets passionnants ?
- où l’on puisse progresser et apprendre ?
- si nous vous posions cette question, que répondriez-vous ?
Conseil : Identifiez « l’empreinte sociétale » de votre entreprise en mettant en évidence votre système de valeurs actuel et et le système de valeurs émergent.
Niveau 5 : C’est un symbole
A en croire ce qu’il se dit sur le net en ce moment, cette génération serait une arnaque maintenue par des consultants avides de pognon, de reconnaissance et de suprématie mondiale qui ont trouvé là un moyen de rester plus longtemps chez leur client. Au passage, je vous conseille d’ailleurs cet « excellent » ouvrage sorti la semaine dernière qui dénonce de ce genre de pratique.
Comme si la génération Y était un « business ». Je vous assure que ce n’en est pas un ! Depuis 7 ans que j’essaie d’arrêter de parler de ce sujet et plusieurs milliers de personnes rencontrées, jamais personne ne m’a contacté pour me demander de rendre son entreprise « Y-friendly » ! Ca n’existe pas simplement pas.
Les entreprises ont des besoins bien plus terre à terre liés à leur activité quotidienne et leurs attentes concernent la fidélisation à moindre frais, à recruter plus vite pour moins cher, à former leur manager à l’écoute, etc. Peut être que l’on parle beaucoup de génération Y dans les journaux mais en réalité c’est une matière à réflexion, à sensibilisation pour les colloque et les conférences, pas pour de la mission à long terme vendu très chères. Ce n’est pas un business, c’est un symbole.
J’insiste sur le terme de symbole. Et finalement peu en importe la raison mais la Génération Y est une occasion historique de faire bouger les choses de façon positive et qui n’est pas forcée par une décision politique ou une situation économique !
C’est d’ailleurs le propos de la soirée de lundi 23 mai au théâtre du vieux colombier à partir de 18 heures
Conseil : Organisez des réunions de sensibilisation autour des changements en cours dans l’environnement de votre entreprise afin d’en débattre, d’avoir le même vocabulaire et de confronter les points de vues.
Niveau 6 : C’est un mix des niveaux 2 à 4
Et la boucle est bouclée. Les professionnels qui remettent fortement en cause le lien de causalité entre comportements et âges ont raison ! Maintenant, plutôt que de s’arrêter au constat il faut proposer une réflexion pour lever les incompréhensions entre collaborateurs d’une même entreprise et aider les uns et les autres à faire un pas vers l’autre.
Ca tombe bien, c’est notre métier ! Celui-ci consiste à explorer, avec du bon sens et des enquêtes spécifiques pour donner du sens aux interrogations dont nous font part les employeurs afin de leur proposer des solutions de d’organisation et de management.
Conseil : Appelez nous !
[...] « La Génération Y, c’est quoi pour vous ? 23 05 2011 [...]
Bonjour, et merci pour cet article. Après cette lecture, je ne pense pas qu’il soit encore nécessaire d’y apporter ma définition personnelle : tout est déjà dit !
Je pense qu’il faut toutefois être bien conscient du changement qui s’opère. Certes LA génération Y n’existe peut-être pas en tant que telle, certes ce n’est pas qu’une question d’âge… et pourtant, étant formateur en entreprise, c’est souvent le critère de l’âge qui revient à la charge : « nous ne savons plus comment motiver nos jeunes employés », « nos formations les ennuient », « que pouvons-nous mettre en place pour favoriser leur engagement? ». Et ces réflexions, ce n’est pas moi qui les ai inventées, ce sont celles formulées par bon nombre de nos clients.
Alors soit, méfions-nous des tendances généralisatrices, mais ne tombons pas non plus dans l’excès inverse qui serait de nier l’existence d’un changement qui s’opère dans les entreprises (qu’il soit culturel ou générationnel).
Merci pour ce commentaire et de rappeler que, oui, il y a de vrais changements en cours et que ce n’est pas une invention de consultant mais une réalité dans nos entreprises et celles de nos clients depuis 2004
Etre Y c’est, à défaut d’être né avec, avoir muri avec la révolution technologique qu’est internet. Comme les précédentes révolutions industrielles, celle-ci a profondément influencée la culture de ceux qui ont décidé plus ou moins volontairement d’en profiter en modifiant la manière d’accéder à l’information : Lorsque l’on est Y, on va chercher l’info, on n’attend pas qu’on nous l’apporte sur un plateau.
Et le fait d’aller chercher soi-même l’info permet de tendre vers un regard plus objectif, car les sources d’info sur le web, comme celles que nous apportent nos parents, nos proches, l’école, ou l’entreprise sont par essence subjectives. Sauf que sur le web on trouve de tout : de l’info subjective, de la critique de l’info subjective, de la contre-critique de l’info subjective, etc. On peut prendre pour exemple votre article et son opposé http://www.focusrh.com/strategie-ressources-humaines/attirer-fideliser-salaries/a-la-une/la-generation-y-nexiste-pas.html, puis s’en faire une propre opinion plus objective, puisqu’elle a conscience des différents points de vue subjectifs !
Or c’est cette objectivité qui selon moi provoque ce besoin de transparence et ce regard critique qu’ont les Y et qui met tant à mal les managements vieillissants des grosses entreprises encore dirigées par le baby boomers et / ou les X.
Nier l’existence de la génération Y, c’est nier la révolution culturelle qu’a apporté Internet…
La génération Y, c’est aussi des jeunes qui veulent s’engager et faire bouger les lignes ! Le mécénat de compétences est selon moi une opportunité pour l’entreprise de conquérir des jeunes aux attentes différentes de leurs aînés.
http://www.pro-bono.fr/2011/05/le-mecenat-de-competences-au-coeur-des-attentes-de-la-generation-y/
[...] : www.generationy20.com, qui rappelle au passage qu’il faut se méfier de la généralisation d’une théorie [...]